Actualités des projets urbains | 22.03.2018

Le SPW-DGO2 (Direction des Voies hydrauliques de Namur) et le SPW-DGO4 (Département du patrimoine, Direction de l’archéologie) présentaient ce jeudi matin à la presse l’état d’avancement du chantier de la passerelle cyclo-piétonne « l’Enjambée » et les derniers résultats des fouilles archéologiques menées au Grognon depuis la fin octobre 2017.

L’Agence Wallonne du Patrimoine, représentée par Messieurs Dominque Bosquet et Raphaël Vanmechelen, nous dévoilait sa dernière découverte de grand intérêt : un fragment d’un objet ou d’un décor architectonique en stuc polychrome datant du Haut-Empire romain (IIe-IIIe siècles après JC). Il a été trouvé dans les remblais de démolition d’une cave appartenant à une maison de l’agglomération romaine de Namur, incendiée durant la seconde moitié du IIIe siècle (peut-être dans le cadre des heurts autour de 275). Le personnage représenté, dont seule la moitié inférieure est conservée, présente l’anatomie d’un homme au repos. Il se tient debout à côté de ce qui ressemble soit à une souche d’arbre, soit éventuellement à un animal accroupi. Le fond du décor est peint en bleu, à l’arrière plan du personnage. Pendant à son bras gauche, on observe une pièce de tissu ou de peau animale, rehaussée de couleur orange-brun clair. Ces quelques éléments permettent de proposer deux identifications à cette représentation, classique de la mythologique gréco-romaine : le demi-dieu Hercule (Héraclès dans la mythologie grecque) ou Mercure (Hermès), dieu du commerce notamment. Dans le cas d’Hercule, l’objet drapé à son bras serait la peau du lion de Némée, attribut traditionnel du héros mythologique, tandis que le motif représenté à ses pieds pourrait être le tronc d’un arbre, fréquemment figuré à ses côtés. Dans le cas de Mercure, c’est un bélier qui serait associés au personnage, tandis qu’à son bras pend sa chlamyde (manteau de laine), si ce n’est la base de son caducée, attribut caractéristique de cette divinité. Seule une étude détaillée de la pièce permettra de trancher la question… La découverte d’éléments architectoniques stuqués reste rare dans nos régions, surtout dans un tel état de conservation. Plusieurs raisons peuvent en expliquer la présence sur le site du confluent Sambre-et-Meuse. Sa participation au décor de la maison reste possible, même si la qualité de la pièce s’y prête assez mal. Le sanctuaire et ses deux temples érigés à l’extrême avancée du confluent pourraient en être l’origine, au prix d’un déplacement durant la démolition du quartier au IIIe siècle. Mais l’on ne peut exclure un laraire, petit autel fréquemment présent dans les maisons romaines et dédié aux dieux lares, divinités secondaires censées protéger la maisonnée et honorées quotidiennement au sein de la famille. Hercule ou Mercure, notre divinité en stuc pourrait dans ce cas avoir été intégrée au programme iconographique décorant un tel édicule et participer alors à la piété domestique d’une famille namuroise, imprégnée de culture romaine…

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Consulter le site : www.archeogrognon.be